Le parfum nous ramène à l’enfance, à nos souvenirs. Les odeurs évoquent quelque chose, une histoire…
« La Madeleine » de Marcel Proust dans son livre « Du côté de chez Swann » évoque un souvenir, quelque chose qui se rappelle à notre mémoire, qui évoque une émotion, un état.
Origine du parfum
Dans l’Antiquité
Le Parfum était, au départ, utilisé pour honorer les Dieux et attirer leur protection. D’ailleurs il ne s’appelait pas parfum. Il s’agissait de matières premières odorantes, issues de plantes et utilisées telles quelles.
Ensuite, leur utilisation a évolué, les plantes étaient brûlées, mélangées à de l’huile….
D’où l’origine du mot parfum qui est « per fume », par la fumée.
Au Moyen Age
Les plantes sont utilisées comme médicaments, pour se protéger des épidémies.
Plus tard, les parfums et leur mode de fabrication évoluent avec des techniques ramenées d’Orient par les croisés.
L’utilisation de la distillation ouvre de nouvelles voies et donc de nouveaux parfums. Par peur des épidémies, les riches portent autour du cou des boules à parfum (pomanders), contenant du musc, de l’ambre ou des résines. Les bains parfumés deviennent aussi à la mode.
A la Renaissance
Les chimistes italiens concoctent des recettes prisées par les reines et leur entourage.
Les explorateurs (Vasco de Gama, Christophe Colomb…) ramènent de nouvelles matières premières d’Inde ou d’Amérique (girofle, cardamome, tabac, vanille, etc).
C’est l’apogée des gants parfumés avec des fragrances créées par des parfumeurs étrangers venus à Paris. Le cuir ayant une odeur forte il fallait trouver une solution pour la faire disparaître.
XVII et XVIII siècle
Louis XIV et la cour n’étaient pas adeptes des bains et de la toilette. Les mauvaises odeurs devaient être couvertes par d’autres odeurs, agréables, celles-là. A cette époque, les parfums sont utilisés à outrance. Les maîtres gantiers obtiennent alors le titre de parfumeurs, et sont nombreux à Paris.
Ce que l’on sait moins c’est que Montpellier a été un haut lieu du parfum, à cette époque, avant Grasse ! Plus de 15 maîtres gantiers parfumeurs étaient enregistrés dans l’Ecusson. Jean Louis Fargeon préparait des eaux simples pour Marie Antoinette.
A Cologne, Jean Marie Farina, un italien, est à l’origine de « l’eau de Cologne ». Cette eau est même recommandée par les médecins comme médicament. Napoléon l’utilisa de plusieurs façons, notamment en la buvant, sur les champs de bataille, pour se préserver des maladies. Et pourtant, chose étonnante, en 1810, par décret, il rend illégitime le parfum en tant que médicament.
Plus tard, les modes changent, il n’est plus besoin de masquer des odeurs désagréables, ou d’utiliser les parfums pour se soigner. Les rituels de beauté font leur apparition et le parfum en fait partie.
Aujourd’hui le rôle des parfums évolue, les rituels de beauté, ne sont pas leur seule utilisation.
Le domaine de la santé est concerné. Les souvenirs et les émotions liées sont impliqués.
La santé
L’aromathérapie, déjà développée dans un article précédent, mais aussi moins connue, l’aromachologie sont des aides pour améliorer des symptômes ou même pour soigner.
L’Aromachologie
est une science qui s’intéresse à l’influence des odeurs sur le comportement , notamment sur le psychisme.
Le message olfactif est inconscient, il passe par le système limbique en lien avec nos émotions et notre mémoire. C’est ainsi que certaines odeurs sont stimulantes, calmantes, aident à la concentration…
Dans certains pays, des odeurs sont diffusées dans les entreprises, pour stimuler les employés le matin ou les aider à se concentrer l’après-midi.
Le marketing s’est emparé des résultats des neurosciences. Des parfums « zen » ont fait leur apparition, d’autres ont pour but d’apporter sérénité et relaxation.
Les cosmétiques sont aussi concernés. Certains peuvent se souvenir d’une publicité télévisée vantant une odeur citronnée, stimulante et aidant le matin, une personne encore « endormie » à se réveiller sous sa douche avec son gel douche.
Les odeurs sont très présentes au quotidien, puisque tout est parfumé. Des eaux de toilette et cosmétiques, aux lessives et adoucissants à l’odeur de plus en plus intense, aux bougies, etc. Même les entreprises cherchent à avoir « une signature olfactive » afin de fidéliser les clients en les menant …. par le bout du nez ! Il s’agit de parfums créés pour ces entreprises pour parfumer par exemple le cuir des sièges pour certaines marques automobiles, ou les aminities (produits lavants) offerts dans les hôtels ou parfum d’ambiance pour ces mêmes hôtels…
Les odeurs rappellent une personne, un lieu…donc un souvenir. On parle de mémoire olfactive. Elle est propre à chacun. Une même odeur rappellera un souvenir, une émotion différents d’une personne à l’autre.
Cette notion de parfum-souvenir-émotion est bien démontrée dans le film « Les Parfums » de Grégory Magne sorti au cinéma début juillet. Les personnages principaux évoquent des souvenirs d’enfance en sentant un savon ou l’herbe coupée. Ces souvenirs évoquent aussi des personnes liées à ces odeurs et donc des émotions agréables ou non.
Petit exercice
Chacun de nous, sans être « Nez », peut s’entraîner avec des exercices simples, en fermant les yeux, pour mieux se concentrer sur notre odorat. Lorsque vous sentez, en cuisine, une odeur de gâteau, je serais étonnée que cela n’évoque pas le souvenir d’un gâteau fait par votre grand-mère, votre mère, ou votre tante… Ou l’odeur des foins coupés celles de vacances ou de colonie et les émotions qui y sont liées. Ou tout simplement en croisant une personne parfumée ou ayant utilisé une lessive, reconnaissable dans son sillage, etc.
C’est ainsi et pour cette raison que les odeurs sont utilisées pour améliorer l’état de santé de certaines personnes.
Comme des personnes en rééducation neurologique, des ados en souffrance, des personnes âgées, des personnes atteintes de cancer…qui voient leurs symptômes améliorés lors d’ateliers olfactifs.
Ces ateliers olfactifs ont lieu à l’hôpital. Pour cela, une « olfactothèque » a été créée, il s’agit d’une bibliothèque d’odeurs.
Selon Marie France Archambault, qui est à l’origine de ces ateliers en milieu hospitalier, ce ne sont pas les odeurs qui soignent mais leur action au niveau psychologique, sur le mental. Puisque les souvenirs sont liés à une émotion, agréable ou désagréable.
En 2009, à l’Université de Genève, des chercheurs ont essayé de décrire le type d’émotions évoquées par les odeurs. Elles sont au nombre de six, bien-être, sensualité, dégoût, réconfort, vitalité, nostalgie.
Des recherches sont encore en cours pour étoffer le sujet.
Alors, sentez, humez, respirez, connectez-vous à vos souvenirs passés, à vos émotions, et engrangez vos souvenirs de demain.
Ressentez, re-sentez !